Kostianka, la tortue est enfin sortie de son hibernation avec 15 jours de retard par rapport à l’an dernier ; si bien que nous nous inquiétions de son sort. Avait-elle pris suffisamment de forces pour passer l’hiver ? Etait-elle coincée quelque part sous une pierre ?

Kostianka, c’est son nom, est entrée dans notre vie, il y a deux ans et j’avoue que j’étais au début désemparée, ne sachant comment l’aider à se nourrir. Elle dispose pourtant d’un assez grand espace dans le jardin côté sud et suffisamment de cachettes pour échapper à nos regards.

Je l’ai prénommée Kostianka. En russe, la kostianka est une petite baie que l’on cueille dans les forêts de Sibérie. Ce fruit rouge n’a presque pas de chair, pourtant les locaux parviennent à en faire de la confiture. Finalement, c’est un noyau avec une peau autour, d’où le nom qui dérive du mot kos « l’os, le noyau » en russe. J’ai trouvé que ma tortue ressemblait à un gros noyau, dur et lisse, alors je l’ai baptisée ainsi.

C’est une tortue Hermann, espèce méditerranéenne qui vit ici dans les Albères. Saviez-vous que les tortues sont des reptiles ? Avec des pattes … griffues de surcroît. Il faut la voir dévorer les fraises et les framboises avec son large bec. – Oui la tortue n’a pas de dents, mais un cartilage très dur qui lui permet de venir à bout de sa nourriture – . Gourmande, elle s’en met jusqu’aux oreilles, si bien qu’après son repas, on dirait un enfant heureux tout barbouillé de confiture.

J’aime beaucoup l’observer. L’été c’est un vrai baromètre. Si elle sort tôt le matin de sa cachette, c’est qu’il va faire très chaud dans la journée. Je n’aurais jamais pensé instaurer une relation avec un reptile et pourtant, elle adore qu’on lui « gratouille » la tête. Elle tend alors son cou plissé pour rechercher le contact. Je ne la soulève jamais de terre. Ce serait un manque de respect. D’ailleurs quand elle n’est pas contente, j’ai remarqué qu’elle émet un léger feulement.

Je ne suis pas experte en tortue, mais j’apprends. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec la compagnie d’un chien, toujours dans vos jambes, sautant, jappant à toute occasion. La tortue apporte dans votre vie une sérénité et un autre rythme qui convient bien aux nouveaux retraités ou aux adeptes du ralentissement. Après le phénomène du « slow food », pourquoi ne pas goûter à la « slow life » dans ces temps de frénésie ?

Selon les cultures asiatiques et indiennes, la tortue symboliserait la longévité, la bonne fortune, la formation du monde. Pour nous européens, on ne lui attribue que la lenteur. C’est bien peu pour un animal si bien conçu, capable de transporter son habitacle. La tortue terrestre se déplace à la vitesse de 0, 25 km/ heure soit 4 mètres/minute. A y réfléchir, ce n’est pas si lent…

Si vous voulez en savoir plus sur ces animaux, allez visiter « la Vallée des Tortues » à Sorède.
Ce domaine présente de nombreuses espèces pour mieux les faire connaître et mieux les protéger.

Et si vous voulez voir une autre curiosité, je vous propose d’aller voir les tortues qui soutiennent l’obélisque de Port-Vendres. Ce monument érigé en 1780 en l’honneur de Louis XVI et épargné par les Révolutionnaires, complétait la rénovation du port voulue par le Roi. La fleur de lys posée sur un globe terrestre culmine à 33 m de hauteur.

Finalement, à Port-Vendres comme dans les croyances indiennes, c’est la tortue qui porte le monde.