Amis d’outre-Loire ou d’outre-Atlantique, encore engoncés dans vos manteaux d’hiver, chagrinés par la grisaille ou le Brexit, balayés par les pluies, je viens par ce billet vous apporter un éclat de printemps, printemps qui pointe le bout de son nez, même si l’hiver n’a pas baissé la garde.
Ici, les mimosas explosent de splendeur. Sous le poids des petites billes duveteuses, les branches ploient après avoir résisté à la dernière neige. Et c’est merveille d’en mettre un bouquet au salon. Senteur et beauté éphémère dont il faut savoir en apprécier l’instant, car le lendemain il est déjà flétri. Lorsque je vivais loin d’ici, ma mère m’en envoyait un brin par la poste pour me signifier l’imminence du printemps. Hélas, à l’arrivée, ce n’était plus le même.
Quelques branches d’amandier offrent timidement leur fleurs d’un blanc immaculé au ciel parfois encore gris. Ces arbres, tout comme les mimosas, viennent en éclaireurs pour vérifier la précocité du printemps. La nature n’attend que leur signal.
Au pied du mur chauffé par le soleil, les iris, sortis de leur léthargie, réveillent de leur mauve profond les massifs endormis.
Dans les sous-bois au bord des vignes, pointent les premiers turions des asperges sauvages et c’est un grand plaisir que d’aller les cueillir. Qu’importe si l’on s’égratigne les mollets J’avoue que pour elles, je suis assez « bartassière » * comme diraient les occitans. J’ai l’oeil pour les repérer et une volonté gourmande pour aller les saisir sous les ronces. Gorgées des dernières pluies, brillantes et charnues, elles viendront agrémenter l’omelette, coupées en petits tronçons.
Oui, l’omelette car les poules aussi quittent leur quartier d’hiver.
Des oeufs en abondance, des asperges pour les parfumer. La nature est bien faite. Et tant pis pour le Carême !
Après les pluies diluviennes des dernières semaines, le ruisseau San Cristau a retrouvé son cours de fin d’hiver. Je n’aime pas le voir à sec, encore moins en crue. Je préfère ce filet d’eau tranquille qui crée dans le hameau un bruit de fond apaisant et joyeux. Il me rappelle qu’enfant, je le voyais couler toute l’année.
Allez, courage à tous, le printemps se prépare.
(*) En vieil occitan “bartas” signifie ronces, broussailles.
un chien “bartassier” est un chien de chasse qui fouille les buissons (en opposition au chien courant).
Je retrouve avec bonheur ta plume printanière. Et l’abondance des verts gourmands après les aridités du désert mauritanien. Ma muse avait bien fait les choses: appareil photos déchargé et bien sûr pas de cable d’alimentation…
Mais un carnet à croquis tout neuf et la mini boîte d’aquarelles. Un groupe très sympa et encourageant m’a permis de remplir le carnet. Vous y verrez quelques bivouacs au pied des dunes ou de monolythes. Et aussi quelques images plus marines lors de notre passage sur le banc d’Arguin.
Du printemps d’ici, j’ai les mêmes goûts que ceux dont tu parles. Avec en tête d’affiche, les amandiers en fleurs. La lumière, la transparence, la fragilité, l’éclatante beauté humble des amandiers en fleurs. Et leur parfum. Une branche planté dans un petit vase en ikébana me transporte au pays des aïkus et du sumi-e.Quant aux asperges, comme toi j’ai un flair infaillible et je rends Armel impatiente de m’attendre en randonnée parce que je ne résiste jamais à l’appel de l’asperge sauvage.
Au plaisir de nous retrouver un prochain jour…