Corinne, Danielle, Nicole, et les deux Marie-France se sont retrouvées autour de Danielle BERTHOLDT pour le stage de modelage « Le portrait ».
Primo-modeleuses ou praticiennes plus expérimentées, elles ont suivi attentivement les conseils de l’artiste.
Cela commence par une baïonnette posée sur un socle. Rassurez-vous rien de violent dans cet outil. Il s’agit simplement d’une tige fixée sur un support stable autour de laquelle, boulette après boulette, la terre va être agrégée pour former un fuseau de la hauteur du modèle.
Oui nous travaillons à l’échelle 1, ce qui somme toute est bien plus facile. Facile, ai-je dit ? Ce n’est pas le terme qui caractérise l’opération qui consiste à reproduire trait pour trait le modèle. Mais appliquer la règle de trois pour en calculer les mesures à reporter compliquerait bien plus l’expérience.
Tout sourire dehors, Nicole retrouve la joie du toucher de la terre . Après un moment d’appréhension, Danielle et Marie découvrent cette sensation. France et Corinne, plus expertes attendent les précieux conseils pour améliorer leur gestes déjà bien assurés.
Les caractéristiques du modèle résident dans son cou, la tête portée en avant, la chevelure abondante.
« Pensez à bien respecter cette direction ». Regardez la mâchoire c’est une horizontale terminée par deux obliques successives “.
Danielle enseigne la technique des profils si chère à Rodin.
Le modèle est observé comme découpé en fuseaux qui l’un après l’autre offriront un profil différent qu’il s’agira de reproduire. Le regard des modeleuses exerce un va-et vient incessant entre le vivant et la forme qui monte. Au fur et à mesure les stagiaires exécutent une comparaison de plus en plus serrée des profils, le modèle étant régulièrement tourné sur son siège offrant ainsi à chaque participante un nouvel aspect.
“Vous devez bien analyser les formes, les proportions et vous les « raconter » afin de les mémoriser le temps de retourner à votre modelage pour mieux diriger votre main”
En cas d’erreur, pas de problème. Dans la taille du marbre ou du bois un coup de ciseau malheureux peut gâcher le travail. En modelage, le repentir est toujours possible. On peut retirer la matière puis la rajouter pour revenir au stade antérieur.
Au bout du premier jour, toutes les têtes sont correctement formées, gracieusement posées sur leur cou, forçant déjà mon admiration.
Le second jour, les profils sont affinés peu à peu. Les modeleuses tournent autour du modèle traquant le moindre détail, compas en main pour en reporter les mesures.
« Plus les profils sont justes, plus on va vers la vraisemblance et mieux encore vers la ressemblance »
Les doigts placent la terre, la règle la frappe fermement. Les mirettes (*) s’activent, arrachant copeau après copeau le surplus de matière, les ébauchoirs gravent, dessinent ou précisent la forme.
Danielle attire notre attention sur les noirs (creux) que le peintre nommerait ombre, ainsi que sur les bosses accrochant la lumière qui typent le visage.
Le troisième jour apporte de nouvelles difficultés. Il s’agit de réaliser les yeux, ainsi que la bouche ourlée.
Yeux aux pupilles creusées, au fond de leur orbite, ou simplement suggérés à l’antique. Chacun appréciera. La compréhension de la bouche se fait grâce aux explications précises de Danielle.
L’adjonction de ces éléments tout comme le regard apporte une expression au portrait.
Est-ce celle du modèle ou celle de l’artiste ?
Le dernier jour, les têtes sont évidées. Décalottées au fil à couper, creusées à la cuillère, elles seront préparées pour le séchage et la cuisson. Puis elles sont recollées enfermant le secret du prénom du modèle.
Libérée de la baïonnette, la tête repose en équilibre. Ouf !
Encore quelques retouches appliquées délicatement comme un maquillage soigneux. Eh voilà ! Le travail s’arrête là. Enfin, chacune l’estime ainsi car l’opération pourrait encore se poursuivre à l’infini dans la recherche de la perfection.
Admirative, j’observe avec une grande émotion les 5 portraits de moi qui me regardent, sortis de leur gangue d’argile.
Bravo à toutes pour cet exercice.
Merci pour ce moment de partage et merci Danielle pour la qualité de ton enseignement.
A bientôt sans doute !
Mirette : outil muni d’un anneau métallique pour creuser la terre
Partir de la terre, d’une masse informe au départ qui n’a d’intérêt que sa malléabilité. Oser y mettre les mains, y mettre du sien, du courage et du cœur pour en faire surgir le meilleur.
Car il en faut… comme l’écrivain devant sa page blanche, le peintre devant sa toile nue. C’est au fond de soi qu’il faut aller chercher l’énergie, la persévérance, passer du regard aux mains pour obtenir un résultat satisfaisant… Et là, mesdames, je n’ai qu’un seul mot : félicitations ! Car dans vos œuvres, je reconnais bien mon amie.
Alors bravo ! Bravo à vous et à votre professeure qui a su de main de maître vous mener sur le chemin d’une création dont vous pouvez être fières.
Le plus incroyable, c’est qu’en seulement 4 demi journées, Danielle a su nous mener vers cette réalisation!
Apprendre à aiguiser notre regard, appréhender le travail de divers artistes, appliquer la technique des profils….tout
cela en douceur, boulette après boulette, dans la sécurité d’une belle guidance; Et pour ma part, avec passion, enthousiasme… J’en redemande. Dans le même esprit convivial!
Merci pour l’accueil et pour tous ces moments de partage