En avril, reste dans ton bouvril (*) ! Ce pourrait être notre nouveau dicton.
A la quatrième semaine de confinement, comment se porte Avril ?
Si cette réclusion se révèle difficile pour la plupart d’entre nous, la nature jusqu’ici dominée, entravée, semble se réjouir de l’évènement : eaux redevenues claires à Venise, rorquals et dauphins en nombre dans les calanques de Marseille…
Mêmes les oiseaux chantent plus et différemment nous disent les spécialistes. Les décibels de l’activité humaine ayant fortement baissé, leur chant est plus audible y compris dans les villes où les fleurs les moins rebelles ont envahi le pavé.
Délivrées de la pression incessante des pneumatiques, des graines hasardeuses, jusqu’ici miséreuses, habitantes des interstices ont trouvé leur chemin vers le ciel. La revanche des invisibles !
Partagée entre l’envie d’une balade à cheval, indécente en ces moments si graves, et l’application méthodique d’un civisme survivaliste, je me mets à imaginer….
Les sentiers que j’aimais parcourir sont-ils en train de s’effacer, sous la poussée vitale des buissons ? Ou sont-ce les contrebandiers qui, de leur pas nocturne, en assurent la trace ?
Combien de rouleaux viennent s’écheveler sur la plage du Racou aujourd’hui si déserte ? Je me plaisais à les compter.
Qui foule maintenant les dernières neiges du Canigou avant qu’elles ne nourrissent les ruisseaux de printemps ?
Comme j’aimerai cueillir le thym qui fleurit les Albères et voir les flamands roses fouiller l’étang de Canet !
Respirer les embruns de notre Cap Béar, l’amie à mes côtés !
Pas d’attestations dérogatoires pour ce genre d’activités pourtant si utiles à nos vies.
Loin de nos regards, Avril déroule son fil sans nous.
Domestiqués, assignés à résidence, il nous reste à découvrir ou re-découvrir l’infime proximité : la tortue qui s’éveille et se réchauffe au soleil, les belles de nuit qui pointent leurs premières tiges, la courgette qui met sa troisième feuille, l’oeillet qui s’offre avec mignardise près des dahlias endormis.
Tout ce petit monde auquel nous prêtions si peu d’attention, trop occupés à fixer l’horizon, envisager l’ailleurs , le futur et ses bonnes ou fausses promesses.
Ce petit monde nous appelle à vivre au présent.
Alors, tout comme les pluies d’avril préparent les bonnes récoltes, cette épreuve si dure pour beaucoup saura-t-elle enfanter des jours heureux pour tous ?
Bonnes Pâques et Bon courage à toutes et tous.
(*) Bouvril : étable, enclos
Quelques unes de mes petites choses d’avril:
les graines de tomates achetées 15 j auparavant aux Halles d’Espira m’ont fait l’heureuse surprise de germer en dépit d’un terreau peu propice. Leçon: je vais continuer à tenir compte du calendrier lunaire pour mon jardin!
Les pivoines arbustives m’offrent encore cette année leur magnificence…et ce n’est pas encore ce printemps que j’irai me réjouir de la floraison extraordinaire de leurs cousines sauvages sur les pentes du col de Banyuls.
Les étoiles bleu vif des bourraches s’installent peu à peu non loin de la fenêtre de ma cuisine: il y a tellement de joie tonique dans ce bleu-là!
Ah et le lilas, qui prend le relai des glycines…et les abeilles lutinant le clémentinier chargé de fleurs.
Quant à l’enfantement des jours heureux pour tous…c’est ma grande question
Je fais un essai de réponse