Le Chat, le Lion, le Cygne et le Poisson.

Cela commence comme une fable d’Esope ou de La Fontaine, et pourtant c’est de bien d’autre chose dont je vais vous parler. 

En visitant MOSSET, village médiéval, j’ai pu remarquer combien ce lieu est lié à un étrange bestiaire.

D’abord le chat. Outre ceux que l’on rencontre au détour d’une rue, alanguis sur une pierre chauffée par le soleil, il y a ce félin qui orne le blason du village. Qui plus est,  un chat noir ! Dos rond, tête basse, «  hérissonné » il porte dans sa gueule une chose bien singulière. De prime abord et de loin, on dirait un poisson. Ou du moins notre imagination nous porte à le croire, tant l’appétence des félins pour les poissons est légendaire. En fait, il n’en est rien. Au dire de certains habitants interrogés sur le sujet, il s’agirait d’une navette que les tisserands utilisaient pour confectionner leurs étoffes. Est-ce à dire que MOSSET aurait  été un centre de tissage ? Sainte Madeleine dont la statue orne la porte de la ville vers les quartiers bas du village n’est-elle pas la patronne des tisserands ?

Pourtant cette chose, munie de plusieurs ailettes à son extrémité, ressemble plus à une ogive spatiale qu’à l’outil du tisserand. A ma connaissance, les navettes trouvées sur les armes de certaines villes sont représentées à plat et leur image est sans conteste. De quand date l’adoption de ce blason ? A ce jour, je n’ai pas la réponse.

Je n’en sais pas plus sur l’animal. Les chats ont longtemps été persécutés, victimes de croyances ancestrales infondées.  Le chat noir apportait le malheur, enfin surtout pour l’infortuné minou. Il a fallu des siècles et des périodes de peste – Mosset en vécut une redoutable en 1653 – pour que son utilité soit enfin reconnue dans maisons et couvents. Dans la science héraldique, le chat est l’emblème du courage et de la liberté. Mais celui de Mosset ajoute au village une particularité sympathique. Loin des blasons prétentieux présentant griffons, licornes et autres animaux fantastiques, la présence d’un chat au centre de l’écusson symbolise à mes yeux l’indépendance propre à l’animal et la simplicité que nécessitait la vie autarcique mossetane.

En montant la rue en face l’entrée de l’église, sur la droite se trouve une placette. Une fontaine crache généreusement l’eau vive des montagnes à travers la gueule d’un lion. C’est “la Font de les Senyores” (la Fontaine aux Dames). Le lion est d’un usage ancien dans l’architecture ou sur les armoiries, mais moins ancien que l’ours. D’ailleurs ce dernier, accusé d’être lourd, pataud  et maléfique a été détrôné dès le XIII ème siècle dans les cours des  puissants  par la figure biblique du lion, roi des animaux. Cette fontaine « royale » donne au village une certaine noblesse.

De l’autre coté de la place, sur la porte d’une grande maison, un heurtoir en forme de cygne. Pièce rapportée ou d’origine ? Je ne sais. Au gré des visites en catalogne, on peut admirer le travail de ferronnerie qui orne les battants de certains édifices : Abbaye Saint Michel de Cuxa, Eglise Saint Saturnin Montesquieu-des-Albères….

Non loin de là , l’entrée d’une maison est surmontée d’une étrange tête, gueule ouverte. La forme rappelle celle du mouton, mais la mâchoire de l’animal présente de longues dents. Alors, loup ? Chien ? Difficile de savoir.

Je m’échappe par la rue de la Font de les Senyores et là, à l’angle d’une maison de maître, un poisson sur une céramique incluse dans la façade rappelle aux passants que cette rue fut jadis commerçante. L’édifice suivant présente un rabot sur son fronton. Probablement l’échoppe du menuisier.

Par tous les signaux qu’il nous donne,  MOSSET semble se lire à livre ouvert  mais ne vous méprenez pas, il conserve encore bien des secrets…. A vous de les découvrir.